Contenu Menu Aide et Accessibilité
Du regard à la chasse : la faune à travers la collection Rousseau
La faune à travers la collection Saint-Mathurin
La microfaune : les rongeurs
L’industrie osseuse
Lindustrie en ivoire
L’industrie osseuse du site du Roc-aux-Sorciers étudiée provient des fouilles Rousseau et Saint-Mathurin. Elle est issue de l’abri Bourdois d’une part et de la cave Taillebourg d’autre part.
Sagaies de
Lussac-Angles, face supérieure
© RMN, ill.
Thierry Ollivier.
Sagaies
de Lussac-Angles, face inférieure
© RMN, ill.
Thierry Ollivier.
L’abri Bourdois a livré des couches attribuées au Magdalénien moyen (Magdalénien III de Breuil) et au Magdalénien supérieur (Magdaléniens V et VI de Breuil). Pour ce qui est de l’industrie osseuse, on constate une très nette différence entre les couches du Magdalénien supérieur et celles du Magdalénien moyen.
Par ailleurs, l’industrie osseuse est particulièrement riche pour les couches d’occupation en relation avec les œuvres pariétales (abri Bourdois et cave Taillebourg, fouilles Rousseau et fouilles Saint-Mathurin).
Au Magdalénien moyen, la présence de sagaies de type Lussac-Angles bien typiques – c’est-à-dire des sagaies à biseau simple plutôt courtes et larges, à la forme lancéolée, à l’extrémité distale tranchante, au biseau long et non strié, portant toujours sur la face supérieure une rainure et fréquemment une autre sur la face inférieure1 – caractérise l’industrie osseuse.
Plus de la moitié des sagaies de Lussac-Angles sont entières dans la couche TCC, une part légèrement moins importante l’est dans la couche TCD (35,7 %), ce qui représente un pourcentage important car on estime en règle générale que seules 10 % des sagaies sont retrouvées entières dans les gisements.2
Les mensurations des sagaies de Lussac-Angles se distribuent du simple au double au niveau de leur longueur. La plus petite (35 mm) comme la plus grande (92 mm) sont issues de la couche TCC. Elles sont, lorsque l’on peut définir la pointe, tranchantes de section subovalaire ou subquadrangulaire. Rien ne prouve que les plus courtes soient des sagaies retaillées au niveau de la pointe. Cependant, il est intéressant de noter que les plus petites sagaies (53, 57, 61 et 63 mm) ont une extrémité tranchante, de section subovalaire3. Les autres ne présentent pas de telles extrémités (l’une est pointue de section circulaire, les autres possèdent une section circulaire). Les sagaies les plus petites sont entières, intactes de la pointe jusqu’au bout du biseau, car plus robustes ; les petites ont en effet une largeur et une épaisseur identiques ou plus longues. Elles ont été voulues ainsi, petites et robustes. La longueur du biseau est adaptée à la longueur de la pièce ; or, s’il s’agissait de sagaies retaillées, le biseau serait de longueur égale aux longues sagaies, ce qui n’est pas le cas. Cependant, de nombreuses pointes sont fracturées, et ce sont bien des fractures dues à un choc. Les armatures de sagaies de Lussac-Angles sont bien des armes de chasse.
À leur côté,
des pièces classiques au Magdalénien moyen ont été
mises au jour : ce sont des pièces bipointes, des
sagaies à biseau simple, des fragments de pointes, des
coins, des baguettes demi-rondes extrêmement longues non
décorées sur la face supérieure, deux
fragments de bâtons percés non décorés,
des aiguilles, des pointes coniques en ivoire, des spatules et
de nombreux lissoirs dont certains décorés.
Dans la cave
Taillebourg, les couches TCC et TCD témoignent du
Magdalénien moyen sans aucun doute. Les armatures de
sagaies de type Lussac-Angles prédominent dans les deux
couches.
Il est intéressant
de noter la présence de grosses pointes en couche TCC et
d’une « grosse pointe à base conique »
bien typique, non présente en TCD.
Ce mobilier archéologique issu des couches du Magdalénien moyen est tout à fait comparable à celui mis au jour par les fouilleurs de La Marche à Lussac-les-Châteaux4. La similitude des deux gisements est très forte, La Marche étant riche de ses milliers de plaquettes gravées, et le Roc-aux-Sorciers de son art pariétal sculpté, gravé et peint.
Le matériel issu des couches du Magdalénien supérieur dans l’abri Bourdois (couches supérieures, RSB1 à RSB4) comprend des sagaies à biseau double dont deux présentent un décor géométrique, des sagaies à base raccourcie, des ciseaux ainsi que deux fragments de harpons à deux rangs de barbelure décorés appartenant aux niveaux les plus récents (Magdalénien VI). Il n’y a plus de sagaie de Lussac-Angles dans ces niveaux. Les ciseaux sont mieux représentés au Magdalénien supérieur qu’au Magdalénien moyen. On note cependant la présence de deux fragments de harpons à deux rangs de barbelures, décorés dans les couches du Magdalénien VI. Ces harpons marquent une différence entre le V et le VI. Associée à ce matériel, une gravure sur cortex de silex a été mise au jour.
Se trouvent dans chaque niveau, tout aussi bien des pièces complètes que des pièces fracturées ou à l’état d’ébauche, témoins d’activités domestiques, comme le révèle également l’industrie lithique.
Suite à l’étude
des pièces issues des couches du Magdalénien
moyen, rien ne distingue l’abri Bourdois de la cave
Taillebourg.
Au premier regard, au
Roc-aux-Sorciers, les différentes couches du Magdalénien
moyen à sagaie de Lussac-Angles semblent homogènes.
Cependant, nous constatons que les baguettes demi-rondes ne sont
pas présentes dans les premières
couches d’occupation du gisement (TCD-TCE-TCF) reposant
directement sur la roche mère. Les densités de
certains types d’outil varient selon les couches
d’occupations. C’est le cas des lissoirs, plus
nombreux dans le niveau le plus récent du Magdalénien
moyen (TCC). Cette différence de densité est
probablement à mettre en correspondance avec les
différents états de la frise gravée, puis
sculptée et retaillée. L’analyse des traces
laissées sur ces objets en matière dure animale
permettra peut-être de préciser l’usage de
ces lissoirs si nombreux à l’époque des
sculpteurs.
Les baguettes demi-rondes
Les harpons
Les lissoirs
Les baguettes
Les sagaies
Les ciseaux
Les pointes
Les pièces intermédiaires
Les coins
Les aiguilles
Les alènes
Les bâtons percés
Les poinçons
Autres
1 G. Pinçon, « Fiche sagaies de Lussac-Angles », Fiches typologiques de l’industrie osseuse préhistorique, Commission de nomenclature sur l’industrie de l’os préhistorique, cahier I, université de Provence, 1988.
2 A. Bertrand, Les armatures de sagaies magdaléniennes en matière dure animale dans les Pyrénées, Oxford, BAR, 1999, 217 p.
3 G. Pinçon, « Étude sur les sagaies à biseau simple dites "sagaies de Lussac-Angles" », mémoire de maîtrise, spécialité préhistoire, université Paris I Panthéon-Sorbonne, 1984, 143 p., ill.
4 S. Lwoff, « La Marche. Commune de Lussac-les-Châteaux (Vienne) : industrie de l’os », Bulletin de la Société préhistorique française, t. 39, n° 1-2, 1942, p. 51-64.
Auteur : Geneviève Pinçon - Anne Bertrand-Callède
© Réunion des musées nationaux – 2009, mise à jour 2010