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Le site du Roc-aux-Sorciers a été fouillé en deux endroits (la cave Taillebourg et l’abri Bourdois) et présente plusieurs niveaux archéologiques magdaléniens d’après les travaux des fouilleurs.
Un Magdalénien moyen spécifique (Magdalénien III de l’abbé Breuil), dit à sagaies de Lussac-Angles, est attesté dans la cave Taillebourg comme dans l’abri Bourdois. La qualité des matières premières utilisées, des techniques de débitage employées, l’excellent état de conservation et la quantité de matériel disponible pour l’analyse font de cette série un ensemble à la fois rare et remarquable.
D’autres niveaux, uniquement attestés dans l’abri Bourdois, sont attribuables à la phase supérieure du Magdalénien, et sont eux-mêmes subdivisés en deux sous-ensembles1. L’une des contributions majeures de cette étude est d’attester avec certitude l’existence de ces deux sous-ensembles, bien distincts sur le plan typologique et technologique : le premier, que nous qualifierons de Magdalénien supérieur (au lieu de Magdalénien « V ») ; le second, que nous qualifierons de Magdalénien final (au lieu de Magdalénien « VI »).
Tout l’enjeu de cette étude va consister à définir et comparer les trois entités sur la base des analyses, technologiques, typologiques et économiques, susceptibles de servir d’éléments de comparaison actualisés.
Ciseaux de La Marche ou « pièces à chanfrein » de la couche TCC de la cave Taillebourg
© MAN, ill. Catherine Cretin.
Les caractères généraux du débitage des niveaux magdaléniens du Roc-aux-Sorciers se retrouvent sur les trois ensembles magdaléniens avec une certaine stabilité : le débitage est réalisé sur place, il est divisé en deux productions principales, celle des lames et celles des lamelles, qui remplissent des objectifs différents, équipement domestique pour les premières, équipement de chasse pour les secondes. La production laminaire est elle-même divisée en deux catégories (grandes et petites lames). Quant à la production lamellaire, importante, elle est relativement indépendante de celle des lames et est déclinée en différents schémas opératoires.
Les comparaisons entre les trois ensembles magdaléniens montrent que les différences principales semblent tenir à l’approvisionnement en matières premières et la composition typologique des assemblages. Cette stabilité technologique à peine entamée par la variété des schémas d’exploitation lamellaire et l’essor, en phase finale, d’une production de petites lames courtes rectilignes destinées à la fabrication de pointes à dos, à soie et à pédoncule. Si, dans certains cas, il est possible de relier cette dernière à une activité spécifique exercée sur le site (pics et macro-outillage, uniquement présents dans le Magdalénien moyen et pouvant être reliés à l’activité de sculpture), il est le plus souvent difficile d’en déterminer l’origine : c’est le cas, par exemple, du changement de composition de l’équipement de chasse, lequel semble en général le plus soumis à variations.
1 S. Cassou de Saint-Mathurin, « L’abri du Roc-aux-Sorciers, Angles-sur-l’Anglin, Vienne », L’Art des cavernes. Atlas des grottes ornées paléolithiques françaises, Paris, Imprimerie nationale, 1984, p. 583-587, ill.
Auteurs : Catherine Cretin, Jérôme Primault
© Réunion des musées nationaux – 2010