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Quantification de la faune du Roc-aux-Sorciers. La faune des grands mammifères du Roc-aux-Sorciers est représentée par plus de 33 500 restes. La couche RSD de l’abri Bourdois et la couche TCD de la cave Taillebourg sont les plus riches
© MAN, ill. Patricia Valensi.
La faune magdalénienne du Roc-aux-Sorciers, issue des fouilles de Suzanne de Saint-Mathurin, provient de deux localités distinctes : l’abri Bourdois et la cave Taillebourg.
Parmi cette faune inédite, signalons la découverte dans, le matériel, de deux boîtes portant la mention « 1962 – Koby » qui renfermaient quelques ossements de saïga et de renne ainsi qu'une mandibule de putois des steppes, déterminés par le paléontologue. Le matériel faunique est très abondant : plus de 21 000 restes proviennent de l’abri Bourdois, plus de 12 000 restes de la cave Taillebourg. Les couches les plus riches sont les couches RSD et TCD.
Représentation des espèces par localité et par couche. Liste faunique riche de 21 espèces de grands mammifères. Le cheval et le renne dominent
© MAN, ill. Patricia Valensi.
Les ossements sont dans l’ensemble bien conservés, comme en témoigne la présence de nombreux cartilages costaux, sternèbres et restes de fœtus animaux. Néanmoins, dans les couches supérieures de l’abri Bourdois, les os présentent souvent des altérations corticales d’origine climato-édaphique (desquamation, cupules, fissures, etc.). Alors qu’on devrait s’attendre à une fragmentation plus importante du matériel dans ces niveaux à forte altération physico-chimique (avec plus d’esquilles indéterminées), c’est le contraire qui est observé : le taux de détermination du matériel (pourcentage des restes déterminés / total des restes) est plus élevé dans les couches du Magdalénien supérieur que dans celles sous-jacentes. Ces résultats indiqueraient un traitement spécifique au Magdalénien moyen et notamment une fracturation plus intense du matériel osseux, liée probablement à l’utilisation de l’os comme combustible (plus de 15 000 esquilles brûlées dans la couche RSD de l’abri Bourdois).
21 espèces de grands mammifères ont été identifiées sur le site. Le renne (Rangifer tarandus) et le cheval (Equus caballus arcelini) dominent largement dans tous les niveaux d’occupation. Les espèces dites secondaires sont le bison des steppes (Bison priscus) et l’antilope saïga (Saiga tatarica). Le loup est le carnivore prédominant. Parmi les taxons rares, on notera la présence du bœuf musqué (Ovibos pallantis), du renard polaire (Alopex lagopus), du lion des cavernes (Panthera (Leo) spelaea) et du putois des steppes (Mustela eversmanni).
L’association « renne, cheval, bison et saïga », observée dans tous les niveaux d’occupation, dénote globalement un environnement ouvert sous un climat très froid. Même si ce cortège faunique de grands mammifères est directement lié au choix humain, quelques variations dans la représentation des espèces visibles au sein de la séquence stratigraphique semblent traduire de légères modifications climatiques. Des faunes très froides de milieu ouvert (mammouth, bœuf musqué, renard polaire, putois des steppes) sont signalées uniquement dans les couches inférieures de la séquence, attribuées au Magdalénien moyen (TCC et TCD de la cave Taillebourg ; RSC, RSD et RSE de l’abri Bourdois). Dans les couches supérieures (RSB1 à RSB4), même si le climat reste rigoureux, on note un léger radoucissement et l’amorce de l’installation d’un couvert forestier de type tempéré : présence du cerf, apparition du chevreuil, du sanglier et de l’aurochs.
Climatogrammes établis à partir des ongulés, classés par groupe écologique
© MAN, ill. Patricia Valensi.
Le cheval et le renne constituent l’essentiel de l’alimentation carnée des Magdaléniens du Roc-aux-Sorciers. Sur ces espèces les dommages (traces et fractures) occasionnés lors du dépeçage sont nombreux. Toutes les étapes de boucherie ont été mises en évidence : enlèvement de la peau (exemple : incisions sur quatre os zygomatiques de cheval dans la couche TCD de la cave Taillebourg ; incisions sur les phalanges), enlèvement de la langue et des joues, dépeçage en gros quartiers (exemple : séparation de la tête du squelette axial visible sur des axis de chevaux), désarticulations secondaires, et décharnement visibles sur de très nombreux ossements. Les crânes, mandibules et os longs ont été systématiquement fracturés pour récupérer cervelle, moelle osseuse et tissus nutritifs divers. Les encoches de percussion et des éclats d’os témoignent de cette fracturation sur os frais.
Concernant les autres espèces, des fracturations osseuses et des stries de découpe ont été également observées : antilope saïga, bison, cerf et bouquetin de l’abri Bourdois et chamois, loup, ours de la cave Taillebourg. Mais il est plus délicat d’interpréter ces traces dans le seul but de récupérer la viande et les peaux ou fourrures. Quelques espèces pourraient effectivement avoir été traitées uniquement pour travailler la matière dure animale. La représentation des éléments squelettiques apporte des informations complémentaires. Si le bison et l’antilope saïga constituent une source d’approvisionnement carnée et technique, le loup en revanche, représenté par de nombreux restes de tête et dont au moins une mandibule porte des marques de fracturation (extraction des canines), semble avoir été recherché pour la réalisation d’art mobilier. De même, la présence dans le site du mammouth et du renard roux est probablement dictée par la recherche du matériel dentaire (ivoire des défenses, canines de renard).
Données sur la saisonnalité établies à partir des dentitions de rennes et de chevaux
© MAN, ill. Patricia Valensi.
L’étude des dentitions des chevaux et des rennes (degrés d’éruption et d’usure dentaires) nous renseigne sur les saisons d’abattage et éventuellement sur la durée d’occupation du site. La couche TCD de la cave Taillebourg correspond à une occupation de longue durée : l’abattage des rennes s’étend de mai à septembre ; les chevaux soulignent des occupations en hiver, au printemps et vers la fin de l’été. Dans la couche TCC, les rennes indiquent une occupation quasi continue de mai à novembre. Pour les chevaux, au moins quatre périodes d’abattage sont mises en évidence : mai-juin, septembre, novembre-décembre et février. La couche RSC de l’abri Bourdois traduit également une installation du site sur une longue période de temps. Dans les niveaux du Magdalénien supérieur, on note une occupation estivale dans la couche RSB5 et automnale dans la couche RSB3.
Mammouth
Bouquetin
Renards
Putois
Bovidé
Espèces carnivores
Ours
Rhinocéros
Loup
Cervidé
Chamois
Saîga
Cheval
Espèces indéterminées
Chevreuil
Sanglier
Auteur : Patricia Valensi
© Réunion des musées nationaux – 2010