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Les représentations humaines
Les attitudes des sujets
Le troupeau des bouquetins (saisonnalité)
Les anneaux
L'art pictural
Panneaux des bouquetins (abri Bourdois)
© Geneviève Pinçon, ministère de la Culture, ill. Alain Maulny.
Les bouquetins de l’abri Bourdois occupent une place particulière au sein du décor pariétal. Bien que l’« association narrative1 » des œuvres paléolithiques soit généralement difficile à mettre en avant, la proximité de ces figures représentant des individus de sexes et d’âges divers, toutes regroupées sur trois panneaux consécutifs, évoque incontestablement une scène de troupeau mixte, associant cinq mâles (Bo1, Bo2, Bo6, Bo7, Bo8), une femelle (Bo4) et deux petits (Bo5, Ca1). Le thème des bouquetins a ainsi été conçu et réalisé comme une véritable entité, à la différence des autres thématiques qui répondent également à des regroupements spatiaux sur panneaux spécifiques (couple de bisons, panneau des vénus…) mais qui se répartissent tout au long de la frise2.
Les hardes de mâles et les chevrées – formées de femelles et de jeunes de moins de 2 ans – vivent séparément tout au long de l’année ; ils ne se retrouvent que lors du rut (novembre-janvier), ou lors des migrations saisonnières (printemps/automne3). Le moment de ce regroupement n’est pas évident. Excepté la femelle Bo4, tous ces bouquetins portent la queue dressée, verticale. Cette posture de la queue est à la fois un marqueur d’inquiétude, d’intérêt, de curiosité. Elle intervient également lors du jeu, ou pendant la défécation. Elle est extrêmement courante4. Seulement, la queue du mâle Bo6 et celle du jeune Bo5 semblent revenir sur la croupe : cette posture est alors typique du rut. Cette hypothèse du rut s’accorderait également avec la queue horizontale de la femelle, et permettrait d’expliquer la raison pour laquelle l’artiste a sculpté avec tant de précaution et de précision la vulve de l’animal, détail anatomique exceptionnel dans l’art pariétal paléolithique, et uniquement répertorié sur cette œuvre au Roc-aux-Sorciers.
Quel que soit l’épisode précis du regroupement de ce troupeau (rut ou migration saisonnière), il est intéressant de remarquer que les Magdaléniens ont représenté différents comportements du bouquetin au sein de ce troupeau : le guet, l’alerte avec le bouquetin qui tourne la tête Bo1, et les deux bouquetins sentinelles Bo7 et Bo8 ; la subsistance avec le bouquetin paissant ou léchant le sel des rochers Bo6 ; le jeu avec le caprin Bo5. Peut-être l’agitation manifeste du bouquetin Bo2 serait-elle à relier au rut, à son association avec la femelle : les mâles harcèlent alors littéralement les femelles, en les suivant, en leur tournant autour, les femelles étant obligées de les repousser à coups de cornes ou de fuir. L’agitation du mâle Bo2 et de la femelle, à l’allure bondissante, tranchent en effet avec l’attitude de leurs congénères. Le bouquetin se caractérise par son indolence et son apathie5. Ce dynamisme surprend dès lors, sauf s’il illustre le rut.
La harde des mâles
La chevrée
1 H. Delporte, L’Image des animaux dans l’art préhistorique, Paris, Picard, 1990, 254 p., 289 fig.
2 L. Iakovleva, G. Pinçon, Angles-sur-l’Anglin (Vienne). La Frise sculptée du Roc-aux-Sorciers, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, Réunion des musées nationaux, 1997, p. 115.
3 M. Couturier, Le Bouquetin des Alpes, Grenoble, Allier, 1962, 2 vol., 1564 p.
4 M. Couturier, Le Bouquetin des Alpes, Grenoble, Allier, 1962, 2 vol., 1564 p.
5 M. Couturier, Le Bouquetin des Alpes, Grenoble, Allier, 1962, 2 vol., 1564 p.
Auteurs : Geneviève Pinçon, Camille Bourdier
© Réunion des musées nationaux – 2009