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À l’occasion de la préparation du prochain volume, qui doit rassembler l’ensemble des études réalisées sur les industries lithiques et les aspects paléoenvironnementaux de l’abri Bourdois du Roc-aux-Sorciers, il nous a été demandé de revoir, à la lumière des nouvelles méthodologies et réflexions taphonomiques, les premières données publiées par Bruno Bastin1,2. Une nouvelle campagne de 24 prélèvements a donc été entreprise sur le même témoin au centre de l’abri, le long d’une verticale parallèle à la première colonne d’échantillonnage. Nous avons d’ores et déjà constaté l’altération des sédiments dans la coupe conservée à l’air libre, car 9 échantillons seulement ont livré un nombre suffisant de grains de pollen pour nous permettre de tenter, en toute objectivité, une interprétation des données en termes de végétation et de climat.
Nous remarquons que, pour chaque séquence culturelle, les résultats des contenus polliniques issus des deux expertises sont globalement similaires ou très proches.
Par contre, nous nous permettons de remettre en question les conclusions qui en ont été déduites, en utilisant une démarche qui consiste à exploiter les données numériques relatives au couvert arboré et aux espaces herbacés, dans les deux ensembles majeurs du diagramme initial et des nouveaux histogrammes. Nous considérons, par ailleurs, que ces deux ensembles n’ont pas subi les mêmes conditions de « vieillissement » donc de fossilisation : ils sont en effet séparés par une couche de blocs d’effondrement de la falaise ; l’ensemble supérieur a été soumis aux intempéries, alors que la base de la coupe en a été protégée. Enfin, nous analysons la composition des flux polliniques, leur fréquente incohérence et leur état de conservation.
Nos remarques sont donc les suivantes :
s’il semble bien enregistré, le témoignage d’une phase tempérée dans le niveau à Magdalénien III (néanmoins documenté par un flux pollinique curieusement caractérisé par de brutales fluctuations de la courbe des arbres dominés par l’aulne), nous rejetons le terme « oscillation » ou « interstade », cette période n’étant pas encadrée par deux courtes péjorations plus froides, ni strictement calée dans un véritable contexte chronostratigraphique plus large (notons à ce sujet que les données de l’étude de la faune des grands mammifères et de la microfaune présentées oralement sont en contradiction avec ces résultats polliniques) ;
par ailleurs, les niveaux supérieurs (Magdaléniens V et VI, le IV étant absent) paraissent avoir subi une réelle altération car les flux polliniques présentent plusieurs caractéristiques d’une conservation différentielle qui biaise l’interprétation des résultats : absence de taxons véritablement steppiques au sein d’un flot d’Astéracées qui accueille néanmoins un grand nombre de genres arborés thermophiles… (dont Pterocarya ! et autres relictes tertiaires, vraisemblables pollutions).
La palynologie de cette séquence tardiglaciaire contemporaine d’une évolution culturelle du plus grand intérêt ne semble pas encore, hélas !, avoir livré tous ses secrets.
1 B. Bastin, « Étude palynologique du gisement magdalénien d’Angles-sur-l’Anglin (Vienne, France) », Annales de la Société géologique de Belgique, t. 98, 1975, p. 23-36.
2 B. Bastin, « Mise en évidence d’une oscillation tempérée correspondant au Magdalénien III d’Angles-sur-l’Anglin (Vienne) », C.R. Académie des sciences de Paris, t. 280, série D, 1975, p. 1353-1356.
Auteur : Josette Renault-Miskovsky
© Réunion des musées nationaux – 2010