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Lucien Rousseau
© Jacques Lemounier.
Fils de François Lucien et d’Émilie Estelle Duret, Lucien Rousseau est né le 24 juin 1875 à Cheffois, canton de La Châtaigneraie, dans le bocage vendéen. Son père descend d’une longue lignée de « marchands fabricants » d’étoffes, draps et serges de laine. Qualifié de « propriétaire » terrien, il est aussi marchand de bois. Maire pendant plusieurs années, il fait partie des notables de la commune. Lucien Rousseau, propriétaire à Cheffois, a été également maire de sa commune. Marié, il n’a eu qu’une fille. Il est décédé à Cheffois le 7 avril 1951.
Après des études secondaires au collège de Luçon puis au lycée de Poitiers, il revient vivre à Cheffois où il commence à s’intéresser à l’histoire locale. Membre de la Société d’émulation de la Vendée, il se lie d’amitié avec plusieurs sociétaires, dont le docteur Marcel Baudouin, qui le présente à la Société préhistorique française en 1912.
Il fouille plusieurs souterrains dans la commune de Cheffois et aux alentours.
Ces fouilles font l’objet de plusieurs publications dans le Bulletin de la Société préhistorique française.
Lucien Rousseau étudie, en collaboration avec le docteur Boismoreau, l’un de ses plus proches amis, le souterrain-refuge avec puits à la Haute-Fosse, situé dans le bocage vendéen près de Saint-Maurice-le-Girard, commune de Mouilleron-en-Pareds. À l’époque de la publication, celui-ci est le plus important connu en Vendée.
En 1913, il publie des prises de date pour la découverte de sculptures néolithiques à Sérite, commune de Cheffois, et pour deux sites dans les Deux-Sèvres, étudiés avec le docteur Marcel Baudouin. L’année suivante, il publie une note sur un polissoir trouvé à Menomblet en Vendée.
Mais c’est surtout la mise au jour et les fouilles de l’ossuaire de la ciste des Cous et de l’allée des Pierres folles à Bazoges-en-Pareds qui lui donnent vraiment le goût de l’archéologie. Ces fouilles sont menées sous la direction du docteur Marcel Baudouin, qui est déjà un préhistorien connu et reconnu. Cet important travail fait l’objet de deux publications en 1915 et 1918.
Conscient de l’extrême importance de ce site, il se met en mesure d’en acquérir une partie et d’en faire don à la Société préhistorique française. En même temps, il permet à cette dernière d’acquérir le reste du site. C’est ainsi que le site a été préservé jusqu’à nos jours et qu’il a pu échapper, entre autres choses, à la destruction lors des opérations de remembrement des terrains agricoles de la commune, même si Lucien Rousseau et Marcel Baudouin ont eu à déplorer la destruction du menhir sud de l’allée couverte des Pierres folles.
En 1927, sa fille Madeleine épouse Henri Lemounier, Fontenaisien, installé comme pharmacien à Chauvigny, dans le département de la Vienne. Cela lui donne l’occasion de prospecter cette région déjà connue des préhistoriens (grotte des Fadets à Lussac-les-Châteaux, grotte des Cottés à Saint-Pierre-de-Maillé). Il explore les sites géographiquement propices, et en particulier les rives de l’Anglin. Les falaises de Dousse lui semblent réunir les conditions favorables à une occupation préhistorique. Il commence alors à fouiller ce lieu et trouve quelques pièces susceptibles d’intérêt. Il prend contact avec le propriétaire et signe un bail de location.
Dès l’année suivante, la conscience de l’importance du site a dû se répandre dans la petite communauté des amateurs de préhistoire. M. Bonneau, inspecteur à Fontenay-le-Comte, accompagne Jean Morel, inspecteur d’académie, au cours de cette visite comme dans la plupart de ses tournées en Poitou-Charentes cette année-là. Le 8 août 1928, Lucien Rousseau et son gendre, M. Lemounier, les rejoignent lors d’une visite de la fouille du Gros-Roc au Douhet, en Charente-Maritime. C’est au cours de cette journée qu’une visite du Roc-aux-Sorciers, alors appelé Cave à Jacob ou abri de Dousse, a été programmée : « Entendu avec M. L. Rousseau, nous irons en octobre voir sa grotte d’Angles-sur-Anglin1. » Au cours de cette visite, comme au cours de ses autres tournées, Jean Morel et M. Bonneau participent à la fouille. Ils emportent très souvent une partie du matériel trouvé, mais il n’en est pas fait mention ici.
À Dousse, Lucien Rousseau lors de la visite de Léon
Péricard et Stéphane Lwoff, qui fouillent à
La Marche
© Jacques Lemounier.
Au fur et à mesure de ses recherches, Lucien Rousseau découvre des pièces intéressantes et reconnaît le lieu comme appartenant à la grande époque du Magdalénien. Il entre en contact avec l’abbé Breuil, et à la suite de la parution en 1933, dans le Bulletin de la Société préhistorique française, de son article sur le Magdalénien dans la Vienne, il noue des contacts avec Léon Péricard et Stéphane Lwoff qui ont mis au jour l’important gisement de La Marche à Lussac-les-Châteaux, site fouillé à partir de 1937.
Il est promu officier dans l’ordre des Palmes académiques.
Il continue encore quelques années les fouilles à Angles-sur-l’Anglin, qui sont interrompues à la déclaration de la guerre en septembre 1939. Après chaque campagne annuelle, le site fait l’objet d’une protection soigneuse.
Souffrant, il ne retourne pas à Angles-sur-l’Anglin après la guerre, et décède en 1951.
1 L. Rousseau, « Carnet de fouilles », 1928, archives Lemounier, cahier 2, p. 1.
Auteurs : Jacques Lemounier, Véronique Dujardin
© Réunion des musées nationaux – 2009