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Le Roc-aux-Sorciers : art et parure du Magdalénien

N° BDD :

Registre de gravures fines

art pariétal in situ (registre inférieur de la zone figurative 6) — BDD 322

Origine

Le Roc-aux-Sorciers, abri Bourdois.

Matière et technique

Calcaire jurassique oolithique ; préparation de la paroi par piquetage.

H. de la tête de cheval : 12 cm.
Long. du corps acéphale (antilope saïga) : 31 cm.
H. de la tête de daguet : 8 cm.
H. de la tête de canidés : 8 cm.
Long. de l’avant-train de renne : 24 cm.
H. de la tête de bouquetin : 11,5 cm.

État de conservation

Paroi verticale au bord droit convexe ; état moyen ; cupules de gel, traces de brossage métallique, vandalisme, coups de pioche.

Décor

Technique : gravure fine.

Les gravures se répartissent sur plusieurs secteurs, concentrés dans le registre inférieur : le panneau avec la tête humaine de profil gauche (Tê1) et la tête de félin de profil droit (Fé2), au-dessous du bouquetin (Bo7) ; le petit panneau aux têtes animalières de profil gauche, à l’aplomb de l’arête 11 ; la paroi du fond de la niche située juste au-dessous de l’arrière-train du bouquetin (Bo8), portant des traces de gravures, de peintures rouges et de sculptures ; le secteur sous l’avant-train du bouquetin (Bo8).

Parmi les incisions fines multiples, plusieurs sujets se dégagent.

À l’extrémité gauche, une tête de cheval en profil gauche est visible. Elle est pourvue d’un œil, dont la caroncule lacrymale est reproduite, et d’une bouche entrouverte.

Au-dessus, et partiellement superposé, est figuré un corps acéphale en profil gauche, aux formes massives, aux membres courts et minces, et à la queue courte. La patte postérieure a été en partie détruite par la tête humaine (Tê2). Le contour est continu, avec une reprise du tracé au niveau de la croupe, de l’encolure et du ventre. L’acéphalie résulte en fait de la mutilation d’un vandale à la fin des années 1960.

La tête qui a été relevée sur un moulage réalisé par M. Richir à la demande de Suzanne de Saint-Mathurin pendant ses fouilles, est celle d’une antilope saïga, reconnaissable à son profil busqué. Elle est dotée d’un œil remarquablement détaillé (larmier, orbite), et de ses deux petites oreilles pointues ; la joue et le naseau semblent également indiqués. En revanche, elle ne possède pas de cornes. Cette antilope saïga est au repos, le membre antérieur gauche campé, le cou tendu et la tête baissée dans une attitude propre à l’alimentation ou à l’hydratation.

Derrière la tête humaine (Tê2), deux têtes sont clairement perceptibles. La première est une tête de daguet, jeune cervidé de 2 ans. Ses détails sont particulièrement saisissants : l’oreille pointue, l’œil et sa caroncule lacrymale, le naseau et la bouche ont été méticuleusement représentés. La seconde, de profil droit, rappelle un canidé par son museau fin et allongé au stop accusé, et par son oreille dressée.

Sous la tête de félin (Fé2), se devine un avant-train de renne en profil droit, avec son museau épais et carré, et son oreille pointue. Les membres antérieurs, aux sabots bisulques, et la tête sont bien lisibles. La ligne ventrale, le poitrail et le cou sont plus confus. Comme l’antilope saïga, les membres sont campés et la tête baissée.

En superposition, une tête de bouquetin avec ses deux grandes cornes en arc de cercle est présentée de trois quarts, tournée vers la droite. Son contour est très estompé. Deux cupules désignent un œil et le naseau.

À côté de ces figures, se discernent de nombreux segments corporels, notamment toute une série de pattes avec sabot dans la partie inférieure du panneau, derrière l’avant-train de renne.

Au-dessous de ce panneau de la tête humaine (Tê2) et de la tête de félin (Fé2), un morceau de paroi du bas de la zone faillée, à l’aplomb de l’arête 11, porte une série de gravures. Le support est bien délimité naturellement. Sa surface est lisse au centre ; elle devient plus irrégulière dans la partie inférieure. Quelques cupules anciennes entament le bord gauche. La surface a été entièrement brossée, comme en témoignent les stries verticales et parallèles qui la tapissent. Les tracés sont fins et profonds.

Trois groupes d’incisions, séparés par de petits espaces vides, s’organisent verticalement. Celui du milieu est inintelligible. En revanche, une très belle tête (cervidé ? bovidé ?) est reproduite à la base du panneau. Un creux est marqué pour la commissure des lèvres. Le menton est en gravure profonde aboutissant à du champlevé et atteignant presque des effets de sculpture par son rendu modelé. La surface à mettre en relief a été dégagée par raclage. Dans le groupe du haut, se décèle le contour d’une tête (chanfrein et museau) doté d’un œil. La forme bien circonscrite du support ainsi que l’organisation structurée des figures illustrent parfaitement la notion de panneau.

À droite de la niche, se retrouve le pendant du panneau de la tête humaine (Tê2) et de la tête de félin (Fé2), sur lequel la tête de capridé (Ca2) fait face à la tête de félin (Fé2). Ce registre inférieur, sous l’avant-train du bouquetin (Bo8), est scindé horizontalement par une fissure ancienne. La zone supérieure présente une surface alvéolée, résultant de phénomènes d’érosion naturelle et de nombreux piquetages à la fois anciens et récents (lors de la fouille). Elle est également marquée de coups de pioche en forme de petits trous triangulaires au fond particulièrement blanc, stigmates du dégagement de la frise. La zone inférieure est bien mieux conservée. Elle renferme des gravures, rassemblées sur de petits espaces plans et lisses dont la surface s’avère particulièrement fragile. Il s’agit d’une fine pellicule assez mince de calcin ancien sauvegardé. Aucun élément figuratif n’est identifiable.

Bibliographie

Inédit.

Geneviève Pinçon, Aurélie Abgrall, Camille Bourdier, Oscar Fuentes

Registre de gravures fines, registre inférieur de la zone figurative 6 (BDD 322), détail : tête de renne gravée finement..
© Geneviève Pinçon, ministère de la Culture, ill. Geneviève Pinçon, 2004.
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